Diversification et Allaitement: quand commencer?
Au cours des précédentes décennies ou selon les praticiens rencontrés le discours sur la diversification alimentaire de bébé change.
Difficile, une fois de plus lorsque l’on est jeune parent, de savoir à quoi et à qui se fier, d’autant plus que les 3/4 de ses indications, ne distinguent pas les bébés allaités de ceux nourris au biberon avec du lait maternisé (et non maternel).
4 mois, 6 mois, nombre de repas fixes par jours, rythme imposé etc etc etc, tant de choses qui différent selon les enfants mais surtout selon leur alimentation de base (Lait maternel ou Lait maternisé).
J’entends souvent dire qu’il faut commencer à diversifier à 4 mois. C’est FAUX!
En France, Santé publique France et le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie préconisent un début de diversification alimentaire à 4 mois révolus, c’est à dire 4 mois pleins, soit au 1er jour des 5 mois. Et pour un bébé, 1 mois de vie c’est énorme au niveau évolution, que ce soit dans son attitude autant que dans sa maturité corporelle et donc par là, la maturité de son système digestif.
Donc non, il n’est pas conseillé de commencer la diversification à 4 mois, hors problème particulier au cas par cas et d’après les conseils d’un spécialiste.
Pour les bébés allaités, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) préconise un allaitement EXCLUSIF les 6 premiers mois de vie de bébé. C’est à dire, que bébé ne doit rien prendre d’autre que du lait maternel (au sein ou dans un autre contenant) pendant ses 6 premiers mois et donc, commencer l’introduction d’autres aliments à partir de 6 mois (diversification).
Un bébé allaité, au travers du lait de sa mère, ne reçoit jamais le même lait.
Celui ci s’adapte à ses besoins du moment (âge, moment de la journée, maladie etc), et il varie d’après les aliments ingérés par la mère.
L’enfant allaité goûte donc déjà aux différents goûts, mais il est aussi en contact avec les possibles allergènes (PVL [protéine de lait de vache] par exemple, nécessitant une éviction par la mère si elle souhaite continuer l’allaitement). Donc contrairement aux bébés au lait maternisé dont on peut craindre des carences (car pas l’apport de tous les nutriments nécessaire dans le lait artificiel), des risques d’allergies ou tout simplement un manque d’attrait pour la nourriture en cas de diversification retardée, les bébés allaités eux sont déjà en lien avec tous les aliments (consommés par la mère).
La diversification alimentaire débutant souvent par des purées de légumes (on évitera de commencer par les compotes car l’attrait des enfants pour le sucre peut les faire délaisser les légumes par la suite), celles ci n’étant pas grandement calorifiques, n’apportent pas grand chose au départ d’un point de vu nutritif. C’est pourquoi, le lait reste l’alimentation principale des enfants les premières années de sa vie.
Pour les bébés allaités, l’OMS conseille une poursuite de l’allaitement après la diversification car le lait maternel est aussi une source importante d’énergie et de nutriments pour les enfants de 6 à 23 mois, alors que le lait maternisé peut être plus facilement substitué par des laitages autres.
“Le lait maternel peut fournir la moitié ou plus des besoins énergétiques de l’enfant de 6 à 12 mois, et le tiers des besoins énergétiques de l’enfant de 12 à 24 mois. Le lait maternel représente aussi une source énergétique et nutritionnelle indispensable en cas de maladie.” source : OMS
D’autre part, lorsque l’on commence la diversification, on nous dit souvent qu’il faut supprimer un biberon/une tétée avec l’introduction des repas et donc rythmer la journée de bébé par un nombre de repas fixe pour arriver à 4 repas par jour.
Pour les bébés au lait maternisé cela peut se comprendre car depuis la naissance, l’espacement entre les prises sont codifiées car le lait artificiel à un certain temps de digestion etc. Sauf que pour l’allaitement, le lait se digérant plus vite et les tétées n’ayant pas toutes un but nourricier, l’allaitement lui ce fait à la demande dès la naissance. C’est pourquoi dans son étude multicentrique l’OMS rappelle que en moyenne les enfants de 6 mois prennent 9 tétées et 2 repas , qu’à 9 mois ils prennent 7 tétées et 4 repas et à 12 mois, 5 tétées et 4,5 repas.
Les conseils généralistes ne peuvent donc pas forcément convenir aux besoins des enfants de la même manière si ils sont allaités ou au lait maternisé.
En France, le taux d’allaitement à 6 mois est de 23% (contre 82% pour la Norvège !!!), donc bien souvent les professionnels de santé ne cherchent pas à savoir et donnent les informations les plus adéquates pour la majorité soit, les bébés au lait maternisé.
Actuellement, les mères allaitantes sont très peu soutenue et aidée, le personnel médical peu formé à ce sujet et cela met souvent en péril les projets qu’on les mères.
Peu de choses sont mises en place, en France, afin d’aider les mères à maintenir leur allaitement (reprise du travail rapide, peu ou pas d’installation extérieure en lien avec l’allaitement etc).
La diversification (après la reprise du travail) est une des causes principales de l’arrêt de l’allaitement. Pour certaines par choix, mais pour d’autres, à cause de mauvaises informations.
Chaque enfant est différent, et chaque mère est libre de ses choix que ce soit sur le fait de donner le biberon ou d’allaiter, de porter ou de pousser, de diversifier à tel ou tel âge.
Dans cet article, je ne juge pas les mamans allaitantes ou biberonnantes sur l’âge de début de diversification, je remets juste en place les éléments souvent mal interprétés en général (aussi bien pour les bébés au lait maternisé que au lait maternel) ou non adaptés aux bébés allaités.
Certains enfants auront un intérêt précoce pour les aliments alors que d’autres, même à 6 mois, préféreront le lait (quel qu’il soit).
D’autres encore préféreront les purées lisses et grimaceront voir refuseront de manger si par mégarde ils rencontrent un morceau dans leur assiette, alors que d’autres, au contraire, ne voudront que les morceaux comme les grands et se détourneront de leur assiette de purée.
(set repas “Promenons-nous dans les bois” de Thermobaby)
L’essentiel étant d’offrir à votre enfant une alimentation adaptée à son age et à sa maturité digestive.
On commencera par les légumes cuits à l’eau ou à la vapeur, sans sel (éventuellement une goutte d’huile): Carottes ou potirons (généralement les premiers donnés car un peu sucrés), haricots verts, épinards, courgettes (on évitera les verts de poireaux, les choux etc plus difficiles à digérer).
(bavoir Be Neat – Royal Envy de Ju-Ju-Be)
Puis on introduira les fruits principalement cuits ou très murs : Pomme, poire, banane, pruneau etc. Et un peu plus tard les fruits à risque allergène : Fraise, kiwi, fruits à coques etc.
La viande et le poisson peuvent-être introduit à partir de 6 mois (10g par jour) mais, il reste conseiller d’attendre un peu si la diversification a débuté à 6 mois que l’enfant appréhende d’abord les différents goûts de légumes et fruits (d’autant que même si ce n’est plus forcément d’actualité, il a été longuement conseillé de n’introduire qu’un nouvel aliment par repas et par jour afin de détecter les possibles réactions allergiques ou de mauvaise tolérance par l’enfant).
En ce qui concerne les féculents et plus précisément ceux à base de gluten, plus difficile et je préfère citer la Leche League : “En ce qui concerne le gluten, des études récentes ont conclu qu’il était « prudent d’éviter d’introduire le gluten à la fois précocement (avant 4 mois) et tardivement (à 7 mois ou plus), et de faire cette introduction progressivement alors que l’enfant est toujours allaité au sein, dans la mesure où cela pourrait réduire le risque de maladie cœliaque, de diabète de type 1 et d’allergie au blé. On trouve le gluten dans le blé, le seigle, l’orge et l’avoine. Pour une introduction progressive, on peut donner au bébé allaité, sous la surveillance de l’adulte, un petit croûton de pain à mâchouiller, ce qui lui permettra d’entrer en contact avec cet aliment dès le début de la diversification.”
Pour les aliments très riches (gras, très sucrés etc), il est conseillé d’attendre le plus longtemps possible car lourd à digérer et n’apportant rien de bien intéressant pour la croissance de l’enfant.
En ce qui concerne l’eau, là aussi c’est différent selon si l’enfant est allaité ou non.
Pour l’enfant allaité, il ne faut pas donner d’eau avant 6 mois. Le lait maternel, surtout en début de tétée est composé de 80% d’eau. En allaitant à la demande même après 6 mois vous apportez toute l’eau dont votre enfant à besoin (même en cas de canicule).
Pour les bébés allaités ou au lait artificiel, vous pouvez toujours introduire un peu d’eau pendant le repas à partir de 6 mois (surtout à partir de l’introduction des protéines animales et des féculents car les légumes sont déjà composés de beaucoup d’eau et donc l’enfant aura moins envie de boire).
Donnez lui par petite quantité pour éviter qu’il ne remplisse sont petit estomac d’eau et donc qu’il mange moins.
Quelque soient vos choix sur l’alimentation de votre bébé dès sa naissance, la diversification de votre enfant est une étape importante et comme tout changement, il faut que bébé soit prêt mais vous également.
Même si votre pédiatre vous donne le feu vert dès 4 mois (mauvaise interprétation de sa part des recommandations actuelles ou alors il se réfère à d’anciennes préconisations), si vous ne sentez pas que c’est le moment et que bébé se porte bien pas de raison de vous pressez.
De toute façon, on a rarement vu des enfants passer leur bac encore allaité ou nourrit qu’avec des biberons hein. Alors tranquille, avançons au rythme de nos enfants et arrêtons de vouloir les faire évoluer à notre rythme d’adulte.
Merci pour ce post, qui rejoint ce que je pense, ça fait du bien ! 🙏 Mon bébé, allaitée exclusivement, a été hospitalisée à 5mois 1/2 (diagnostiquée syndrôme de west) en début de mois, nous étions dévastés son père et moi… et une des pédiatres a commencé à me parler comme ça, d’un coup, de l’importance de la diversification et de l’introduction des allergènes entre 4 et 6 mois, car après vous comprenez, c’est trop tard … J’avais envie de lui dire que ce n’était mais alors clairement pas le moment d’aborder ce sujet, au vu de ce qui arrivait à ma fille. Qu’en plus, je n’étais pas d’accord avec elle. Et qu’enfin, on ne savait même pas si elle allait avoir des troubles de l’oralité, pouvoir manger correctement, parler correctement, donc le besoin le plus important, ça aurait surtout été de nous donner des contacts pour nous faire accompagner par un orthophoniste, pour qu’elle puisse bien manger par exemple . Et non pas être sûr qu’elle ne va pas être allergique à la cacahuète…. 😑