Licornes et bisounours : la dure réalité

Ma fille,

Aujourd’hui, je t’écris cette lettre car j’en ai gros sur le cœur.

J’écrirai sûrement une lettre pour ton frère dans quelques temps, ou du moins nous aurons de nombreuses conversations, mais même si le fond sera le même, la forme et les moyens d’y arriver seront différents. C’est triste mais c’est justement un peu le sujet de cette lettre.

Je m’excuse par avance. Ce que je vais t’écrire ne te fera sûrement pas plaisir, tu vas sûrement me détester par moments (comme tu le feras peut-être certains jours dans les années à venir ). Mais je me dois d’être honnête avec toi pour ton bonheur futur…

La vie n’est pas un conte de fée. Enfin, pas la version Disney édulcorée avec des animaux qui chantent, des princesses qui vivent heureuses avec leur prince charmant dans un beau palais. Le monde des bisounours n’existent pas et les licornes non plus.

La réalité c’est que notre monde ressemble bien à un conte mais plus un de ceux des frères Grimm. C’est plus noir, violent, injuste.

Je ferai tout pour que tu sois heureuse, pour te protéger, pour t’aider et te soutenir dans tout ce que tu voudras faire. Je serai là pour te féliciter comme pour t’offrir mes bras pour pleurer.

Mais je suis là aussi pour te dire non. Pour ton bien, ta sécurité. Je sais que, aujourd’hui cela ne te plait pas. Que tu me réponds “mais moi je veux”. Je sais c’est nul, mais tu apprendras que dans la vie, quoi qu’on fasse on n’a malheureusement pas toujours ce que l’on veut. Même en y mettant tout son cœur, toute son énergie parfois bah, ça ne marche pas.

D’autres fois, on est obligé de faire des choses que l’on ne veut pas, simplement car dans la vie on a des obligations (travailler pour pouvoir gagner de l’argent pour pouvoir vivre et se faire plaisir, faire le ménage pour vivre dans un lieu sain, aller faire les courses, participer à des événements alors qu’on préférerait rester au chaud sous sa couette devant des séries… Lol).

Tu es malgré tout maîtresse  des grandes ligne de ta vie et de ton corps. C’est toi qui choisira ce que tu veux faire, comment tu veux le faire et avec qui.

Tu as le droit de dire non et même le devoir de le faire. Tu devras parfois le crier pour te faire entendre mais ce n’est pas grave. Au pire on te traitera de grande gueule mais je te rassure, même si pour certaines personnes c’est mal vue pour moi c’est une réelle qualité.

Parfois tu te prendras des claques (au figuré bien sûr, car si on te touche ma fille, ne tends pas l’autre joue mais plutôt le poing). Souvent des bâtons viendront se mettre dans tes roues, tu t’égratigneras les genoux à force de trébucher, les microbes viendront t’affaiblir et perturber tes projets. Tu auras l’impression de te battre contre des Moulins à vent car même en voulant faire bien, comme les autres le voudraient ça n’ira jamais. Tu seras en colère, fatiguée, saouler. Tu voudras tout envoyer bouler et dit merde au monde.

Tu auras envie de ne penser qu’à toi, ton bonheur, tes envies et tu auras parfois raison.

Mais tu découvriras aussi que ta joie passera parfois par le bonheur des autres. Que quelques compromis sont peu cher payer face à la solitude, et que tant que le respect est là, l’effort se fait oublier à la simple vue du sourire des gens qu’on aime.

Je ne te dis pas de te soumettre, Ho non !!! Ton corps, ton esprit et ton âme t’appartiennent et personne ne peut en disposer sans ton consentement. Mais certaines personnes, rares et précieuses (des licornes humaines en quelque sorte ) mériteront de temps en temps que tu penses à leurs envies avant les tiennent.

Parfois tu seras déçue, on te trompera. Tu te tromperas…

Ça arrive, c’est triste, mais c’est normal. Tout le monde fait des erreurs. Moi, la première et c’est comme ça que l’on apprend aussi, même si ça fait mal.

Je suis sûre que tu te dis que c’est nul. Que la vie, ça craint.

Et tu as raison. Parfois, c’est le cas.

Mais parfois, la vie est belle.

Elle est même magnifique.

L’amitié, l’amour, les fous rires… La beauté d’un couché de soleil ou la forme d’un nuage dans le ciel.

La magie des bulles de savons se baladant au gré des courant d’air et jouant avec les rayons du soleil. La sentation du vent sur son visage quand on roule vite vite vite sur son vélo. Et la chaleur d’un gros câlin qui guéri tous les bobos.

Toutes ces petites choses qui font pétiller notre cœur, on les savoure encore plus grâce justement à cette vie parfois pourrie.

Sans ces jours pluvieux, on ne verrai pas la beauté des arc-en-ciel.

Alors oui, ma fille, aujourd’hui je te dis non parfois, et je suis trop méchante. La frustration est forte mais elle est bénéfique aussi pour apprécier tes futures réussites.

Je me trompe parfois mais c’est en pensant faire bien, et j’espère que tu le comprendras et que tu me le pardonneras.

Non, le monde des bisounours et les licornes n’existent pas, mais pour toi je ferais semblant, aussi longtemps que possible, je protégerai ton conte de fée… Mais je ne peux t’enfermer dans une bulle à l’écart de la réalité.

Je ne te fermerai aucunes portes et t’apprendrai que ni ton sexe, ni tes origines sociales et culturelles, ni ton apparence… Rien ne peux t’empêcher de devenir celle que tu veux être. Parfois, le chemin sera peut-être chaotique mais cela ne rendra le résultat que plus magique.

Aussi magique que ta présence dans ma vie…

 

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2 réponses

  1. Emilie dit :

    Magnifique article, très belle déclaration d’amour d’une maman…

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