Je n’ai plus envie de passer du temps avec elle

Je me déteste quand je me vois écrire ça et pourtant c’est ce que je ressens depuis quelques temps.

Je n’ai plus envie de passer du temps avec elle. De lui consacrer du temps, de m’épuiser à essayer de tout gérer et de faire au mieux pour elle.

Je sais que c’est difficile pour elle. Qu’elle n’a pas encore 4 ans et que c’est compliqué pour elle de gérer ses émotions, de devoir “subir” notre décision d’avoir un deuxième enfant.

Elle passe pourtant son temps à nous dire qu’elle est contente que son petit frère soit là, qu’elle l’aime.
Elle passe des heures à lui faire des câlins, des caresses, à le réclamer.

Je sais qu’elle a besoin d’être rassurée. De savoir qu’on l’aime toujours, d’appréhender son nouveau rôle de grande sœur. Elle a besoin d’attention, elle en a toujours eu besoin, mais là j’ai l’impression que c’est démultiplié.

Elle est en demande. Encore et encore. Elle voudrait plus de moi, de nous. Mais je n’ai plus autant de temps.

Il y a ce petit bébé, son petit frère, que j’ai décidé d’allaiter, que nous avons choisi de materner… Et ça prend du temps.

Il y a la maison, trop longtemps délaissée elle aussi. OK, ce n’est pas la priorité mais il y a un minimum.

Puis il y a la fatigue. Celle qui s’est accumulée avec le temps et qui est tenace. Ce n’est pas une fatigue franche qui te casse, mais une fatigue résiduelle qui te fais reporter au lendemain ce que tu devrais faire par manque de motivation.

Je sais que tout ça elle s’en fout, qu’elle n’en a pas conscience et que même si c’était le cas, ce n’est pas son problème. C’est le mien. C’est à moi de gérer, c’est moi qui l’ai voulu.

Alors je le bats, j’essaie de tout faire, de m’organiser et de faire en sorte de lui donner de mon temps et de mon attention.

Sauf que…

Plus je passe du temps avec elle, plus j’organise des choses pour elle, avec elle. Et plus elle est exécrable.

Chaque fois que je fais une activité avec elle, la journée se passe à merveille. On s’amuse, on rigole, on est complice.

Mais le soir venu…

C’est opposition, défiance, colère… Et pour rien.

Pour une compote qu’elle ne veut pas manger, alors qu’elle adore ça mais juste parce que, après avoir passées une super journée toutes les deux déguisées en sorcières pour Halloween, à faire la chasse aux bonbons et à rigoler, elle veut des bonbons.

OK, c’est normal, mais il faut finir de manger avant, et si elle n’a plus faim pour la compote (ou autres fruits), elle n’a plus faim pour les bonbons.

Alors elle joue avec sa compote en la faisant glisser le long et la table et manquant de la faire tomber X fois. Elle chante, joue avec sa cuillère, dessine sur la condensation de la bouteille d’eau. Regarde du coin de l’œil et sourit, tire la langue.
Elle joue avec mes nerfs, le temps passe. Du temps perdu pour rien vu que au bout de 20 minutes, d’un coup, d’elle même, elle attrape sa cuillère et, en 3 bouchées, engloutie sa compote, enlève sa serviette, descend de table et court se jeter sur le canapé morte de rire.

De même, il y a quelques jours nous avons fait un atelier pâtisserie. Cela nous a pris la journée car j’avais choisi une recette avec des temps de pause et à faire en plusieurs étapes (les gâteaux aquariums multicolores) et là aussi, arrivée à l’heure du coucher, alors que généralement c’est un moment qui se passe sans accroc, elle part en crise de hurlements car elle ne veut pas se brosser les dents et se laver les mains. Dans l’absolu, elle ne veut pas tant pis, on ne la force pas, on ne veut pas de crise. Mais elle s’en moque qu’on lui dise de le faire ou pas, sa réponse: des cris.

Pourtant cette phase c’était calmée. Le mois avant mon accouchement et le premier suivant ont été compliqués et pleins de cris.

Mais ça c’était apaisé. Il restait quelques crises, quelques jours un peu plus difficiles.

Et c’est vrai, ça va mieux. Et on l’en félicite. On lui fait remarquer qu’on est tous beaucoup plus serein quand tout se passe dans le calme.

Tout naturellement le fait que tout se fasse plus en douceur me permet d’avoir plus de temps à lui consacrer.

Et justement, c’est quand je passe des moments avec elle, que pour elle, que je fais en sorte de lui faire plaisir en organisant des activités juste elle et moi, que l’on s’amuse ensemble un peu plus que d’habitude qu’elle est le plus dure avec nous après. Qu’elle enchaîne les colères et les provocations.

Ses nons et ses colères c’est une chose. Mais ses regards de défiance, ses sourires insolents, ses haussements d’épaules et ses réponses effrontées. Ça je ne peux plus.

Ça me met hors de moi, je cris, perds patience, en oublies mes convictions sur la bienveillance. Je deviens méchante, tenant même des propos culpabilisateurs alors que je sais que mal. Mais elle me fait mal, elle me blesse. Je sais que je n’ai pas à demander de la reconnaissance à ma fille pour les gestes que je fais envers elle surtout lorsque ce sont des choses normales mais clôturer ces bons moments comme ça. Ça m’épuise.

Je souffre moi aussi de cette situation. Elle a presque 4 ans et moi 32 mais cela n’empêche rien.  Ça m’attriste tellement que cette peine couplée à ma fatigue, à ce sentiment d’impuissance, tous ces sentiments font que je n’ai plus envie. Je ne prends plus de plaisir aujourd’hui, à l’idée de passer du temps avec elle car j’appréhende.

Je sais, vous allez me dire que je provoque cette situation en l’anticipant car elle le ressent. Elle sent que je ne suis pas à fond dans le moment présent, que j’attends la crise. Mais non.

Jusque là, j’avais espoir, j’y croyais.

J’étais sûre que ça allait se calmer. Sûre que maintenant que nous avions trouvé notre rythme, que notre vie à 4 était installée tout allait bien se passer. Je prenais plaisir à passer ces moments avec elle, car cela me manquait aussi. Moi aussi j’avais besoin de la retrouver, de nous retrouver.

Mais là. Je n’en ai plus envie.

Je ne suis peut-être pas quelqu’un de bien, je suis peu être une mauvaise mère, peut-être un peu immature dans mes réactions. Où je suis peut-être juste fatiguée, lassée, dépassée… Humaine. Je me sens sûrement impuissante face à sa souffrance, incapable d’arriver à  mettre en place ce qui pourtant ne me parait pas si difficile en théorie

Ou peut-être que… C’est tout simplement normal. Que cette situation est celle qui doit être. Que tous ces sentiments sont saints et qu’il faut qu’ils sortent justement pour que l’on puisse avancer sur des bases saines et solides.

Oui, je sais que ça fait beaucoup de peut-être.

Mais il y a une chose que je sais. C’est que je l’aime et que même si aujourd’hui je n’en ai pas envie, l’amour est là et il est plus fort que tout ça. Et nous allons y arriver.

Pourquoi ?

Parce que même si, à l’instant,

je n’ai plus envie de passer du temps avec elle, juste avec elle, je veux que cette vilaine pensée disparaisse pour que je redevienne la mère que je veux être. La mère qu’elle mérite.

Il nous faut juste encore un peu de temps et accepter que tout ne marche pas toujours comme on le voudrait, que ça prend plus de temps que ce que j’avais imaginé. Et surtout, il faut que j’accepte que je ne suis pas parfaite, que je fais des erreurs. Qu’elle est ma fille donc tout aussi imparfaite que moi même si, à mes yeux, et même dans les moments difficiles, c’est la fille dont j’ai toujours rêvé et que même si elle me fait damner, je ne veux rien changer.

Ce matin, après une nuit de sommeil, après avoir fini d’écrire, je n’ai toujours pas envie de passer du temps avec elle. Mais ce n’est pas grave, maintenant, je le sais.

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5 réponses

  1. Fartas dit :

    Je suis la à lire se billet via un lien Facebook .
    Et je me dit .. je suis pas la seul !
    Sa me soulage 3 seconde et je suis déjà réparti dans les penser à me dire à quand la fin ?
    Je vie exactement se que vous vivez à une différence ces que ma fille a bientôt 5 ans .
    #depite#

    • Maman Panda dit :

      J’avais justement besoin de l’écrire pour me sentir moins seule moi aussi. Je sais que bien souvent on ne dit pas ce genre de choses car c’est mal. Mais je pense que je ne suis pas la seule dans cette situation. Et même si je vais me prendre des commentaires du genre : c’est ma faute, c’est moi l’adulte c’est à moi de gérer… Bah non désolée. J’aimerai être parfaite mais je ne le suis pas…

  2. Amélie Soulard dit :

    Très touchant… Je me retrouve bcp dans ce que tu as écris… j’espère qu’un jour ton cocon familial et le mien seront apaisés et que l’envie sera de nouveau là 🙂

    • Maman Panda dit :

      Je sais que nous retrouverons la sérénité et vous aussi j’en suis sûre. Mais c’est difficile par moment d’arriver à faire la part des choses et d’oublier ses propres sentiments.
      Surtout quand on le garde pour ça à cause des jugements et des belles paroles nous disant comment faire.

  3. Jess dit :

    Merci pour cet article, car je suis qq fois dans le même cas, trop difficile de tout conjuguer. On apprends à faire avec et le temps fait les choses, c’est ce que je me dis….
    Courage !

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