C’est fini… Avant même d’avoir commencé.

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Se réveiller. Ouvrir les yeux sur une longue journée. Mais ne pas s’imaginer à quel point elle va être longue…

Se sentir bizarre, nauséeuse, endolorie et mettre cela sur le coup de la fatigue. Cet état vaseux, ce mal de dos tout cela est sûrement dû à cette fatigue accumulée. Celle là même qui m’a fait dormir comme une masse mercredi après midi…

Prendre une douche rapide, s’habiller et se préparer machinalement presque comme un robot.

Allez la voir dans sa chambre, elle dort encore (chanceuse va). L’embrasser sur le front en repoussant sa mèche de cheveux et lui dire “je t’aime” en espérant qu’elle l’entende dans son sommeil.

Aller faire la même chose dans la chambre d’à côté… Se pencher au dessus de lui et lui dire “chéri j’y vais, je t’aime” et l’embrasser tendrement avant de le laisser se rendormir…

Descendre doucement les escaliers, ouvrir les volets et prendre une bouffée d’air frais dans le jardin…

Je me sens mal… Respire, ça va passer…

Refermer, prendre mon sac, mes clés, ouvrir le garage et prendre la voiture…

Heureusement qu’aujourd’hui elle reste à la maison avec papa. Je me sens mal, je ne suis pas à l’aise pour le trajet… Elle sera mieux à la maison…

Prendre la route. Être mal installée  avoir mal au dos, une boule à l’estomac…

Demain c’est la fin, mais ce n’est pas ça. Bizarrement vis à vis de ça je suis sereine. Presque impatiente malgré les conséquences que cela va engendrer.

Arriver, poser mes affaires et me jeter sur la cafetière.

J’ai besoin d’un café. Quitte ou double. Soit ça me sort de cet état, soit je fonce aux toilettes… Prier pour la première option.

Ça n’empire pas… C’est déjà ça.

Travailler, vider son bureau, déchiqueté, classer, ne pas tenir en place. Le temps défile… Déjà midi.

J’ai la tête qui tourne, j’ai besoin de me rafraîchir. S’enfermer dans les toilettes, sentir que quelque chose ne va pas. J’ai mal.

Se passer un peu d’eau sur le visage. Ça ne va pas… S’asseoir… Ça ne va pas…

Sentir un truc bizarre… Ce n’est pas normal… Ce n’est pas le moment, je dois me tromper.

Pourtant, je le sens, ça coule. Je ne suis pas folle, mais ce n’est pas le moment… D’où vient tout ce sang ??? Ce n’est pas possible…

Non… Je dois me tromper… À trop vouloir,  je psychote à chaque petit signe… Mais là non, cela doit être autre chose… Puis de toute façon.  non, ce n’est pas possible…

Se passer à nouveau un coup d’eau sur le visage. Essuyer le crayon qui pour le coup me fait vraiment des yeux de Panda.

Prendre une grande respiration. Il faut faire bonne figure, cela fait déjà trop longtemps que j’ai disparu.

Remonter en serrant les dents. J’ai mal.

Aller, plus qu’une heure… Et après plus qu’une journée et tout sera fini.

J’ai l’habitude de faire comme si tout va bien… Et puis si j’arrive à m’en persuader peut être que tout va s’arrêter, non ?

C’est l’heure, il faut que je rentre. Il le faut, ils m’attendent.

MllePanda doit visiter sa future école ce soir. C’est une grosse étape, il faut qu’elle vive ça.

J’ai des vertiges. Mais je dois rentrer. Ce n’est pas raisonnable, je le sais, mais je dois rentrer. J’ai peur déjà habituellement et là, je cherche le bâton pour me faire battre, mais je dois rentrer.

Je me cramponne au volant, je dois rester concentrée, je dois rentrer.

J’ai envie de pleurer sans vraiment savoir pourquoi mais il ne faut pas. Je ne peux pas me le permettre. Je n’ai pas la force de craquer.

J’arrive. C’est bon, j’y suis arrivée.

Ouvrir le porte, la voir courir dans mes bras… “Maman !!!”

La serrer fort contre moi comme si de rien était, et retenir mes larmes.

L’embrasser tendrement, lui dire à demi mot que cela ne va pas et aller dans la salle de bain…

Pourquoi ? C’est quoi ? Je ne comprends plus, je ne comprends pas…

Je dois me changer, je ne peux pas rester comme ça.

Je n’ai qu’une envie me mettre en pyjama au fond de mon lit, mais il faut que je sois présentable, on va à l’école…

Se changer. Redescendre avec le sourire. Ne plus savoir quoi faire, à part aller à l’école.

Marcher comme si tout allait bien. Je le dois, pour elle.

Arriver à l’école, la voir courir vers les enfants. Si heureuse. Innocente… Inconsciente de tout ce qui se passe en moi…

La maîtresse parle, mais c’est plus un bruit de fond. Je suis là sans être là…

Est-ce qu’ils le voient ?

J’ai besoin de m’asseoir… J’ai envie de vomir.

Ça ne va pas. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.

La regarder. Culpabiliser de ne pas être vraiment là, de ne pas profiter de ce moment important.

C’est fini. Il est déjà 18h30, il faut faire à manger. Je n’ai pas faim, je n’ai plus de force…

Leur préparer le repas. L’embrasser et lui dire doucement : “Fais la manger et couche la si je ne suis pas rentrée, je vais aux urgences”. Aller vers elle et lui dire “Sois sage ma chérie, Maman va au docteur, je vous aime”.

Prendre la voiture, encore, je suis inconsciente. Ils ne peuvent pas venir, je ne peux pas lui imposer ça à elle, ce n’est pas un lieu pour elle.

Je ne veux pas y aller seule. Réfléchir. Je n’ai personne. Personne de vraiment au courant de notre projet de bébé2, personne qui vive près et avec qui je veuille partager cela. Personne que je veuille déranger pour peut-être rien.

Prendre la route.

Se présenter, expliquer, ne pas avoir l’impression d’être prise au sérieux. Avoir l’impression que l’on va me présenter la porte en me disant :”C’est bon prenez un Spafon et allez au lit on ne vient pas aux urgences pour des règles douloureuses Madame “.

Mais ce ne sont pas mes règles. Je le sais,  je le sens. Je peux me tromper mais pas sur ça… Je ne sais pas ce que c’est mais ce n’est pas normal

Attendre dans la salle d’attente seule. Sentir que ça tourne mais ne pas vouloir bouger. Si je me fais assez discrète ils vont peut être m’oublier…

Entendre mon nom. Me lever. Expliquer, à nouveau. Elle a l’air de me prendre au sérieux.

M’allonger sur la table. Cette position. Déjà, quand tout va bien, je m’en passerai mais là. Pauvre interne, pourquoi doit-elle supporter cela. Je suis désolée.

Auscultation, toucher, échographie. Vérification en tout genre. Analyses…

Je ne m’étais pas trompée.

Tout est fini avant même que je sache que cela avait commencé.

J’avais une intuition, un sentiment bizarre. Mais c’était trop tôt. Je ne voulais pas me faire d’espoir. Il fallait encore que j’attende pour savoir…

Mais aujourd’hui, je n’ai plus à attendre.

Je sais. Je sais que c’est fini. C’est fini avant même d’avoir commencé.

Je sais que c’est sûrement mieux comme ça. Qu’il vaut mieux maintenant que plus tard. Que la nature est bien faite et que si elle en a décidé ainsi c’est que cet enfant n’était pas viable. Que c’est dur mais que si nous avions su, si nous nous étions projetés ce serai sûrement pire.

Mais je ne peux m’empêcher de me demander ce que j’ai fait de mal. Ai-je trop forcé ? Ma perte de poids m’a trop affaiblie pour arriver à tenir une grossesse ? Pourquoi ?

Je sais que cela n’empêchera rien pour la suite.

J’ai était bien examinée et tout va bien. Il n’y a plus rien… La nature a bien travaillé (ironie).

Je ne le savais pas et pourtant je me sens vide. Cela existait à peine et pourtant il y a cette sensation de légèreté mais pas dans le bon sens.

J’ai envie de pleurer et pourtant ça ne sort pas.

J’écris mais je n’arrive pas à dire ces deux mots.

Je l’ai perdu mais finalement c’est moi qui suis perdue face à ce sentiment.

Ce sentiment de néant en moi. Je me sens… Je ne sais pas.

J’ai envie de pleurer et pourtant un sentiment de sérénité m’envahit depuis que je sais que je ne suis pas folle, que je peux encore faire confiance en mon instinct.

J’ai mal et pourtant je sais que c’est pour notre bien. A notre famille, à moi, à ce petit être qui n’aurai sûrement pas été en bonne santé.

Je réalise encore plus la chance que j’ai d’être Maman. D’avoir MllePanda et de recevoir tant d’amour.

Je réalise que notre petite famille est une chance…

Et pourtant je suis si triste, sans savoir vraiment pourquoi…

J’ai fait une fausse couche

Ça y’estw je l’ai dit… Et pourtant ça ne change rien…

Je ne comprends toujours pas ce qui m’arrive. Et je ne sais pas si je comprendrai un jour…

 

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Pas de réponses

  1. activmam dit :

    Oh quelle épreuve!
    Je suis de tout coeur avec toi!
    Prends soin de toi! 😚

    • Merci…
      Je vais prendre quelques jours en ce début de vaca
      vacances/chômage pour essayer de reprendre un peu de force physique et mentale… J’ai besoin de me retrouver un peu…
      😘

  2. La Toulerroise dit :

    Je comprends tellement ce que tu ressens… Tu vas surmonter cela avec le temps, pour toi… pour elle & pour lui ! Je t’envoie pleins d’onde d’empathie et de courage ! Surtout du courage !

    • Avec le temps j’espère que cela s’estompera de mon esprit . Je ne dis pas s’effacer car je ne pense pas que cela soit possible et pas forcément la meilleure solution non plus…
      Mais j’espère que mon cœur et mon corps retrouverons un peu de calme et de sérénité… Pour que ma tête puisse faire de même… 😘

  3. Je l’ai vécu également , on se sent isolée, impuissante, on culpabilise…
    Mais c’est ainsi, c’est si difficile de devenir parents, on se mets tellement de pression, on ne peu pas tout contrôler et quand arrive un événement pareil, il faut savoir lâcher prise, pleure, pleure et pleure si cela peut t aider à faire ton “deuil” car c’est un deuil pour la maman et le papa ! Prends du temps pour “digérer” , il faudra du temps , et après ta confiance en toi reprendra le dessus et tu arriveras de nouveau à faire face .
    Surtout extérioriser tout cela avec ton mari et ta puce si elle ne comprends pas ton comportement actuel (qu’elle ne s imagine pas que ce soit de sa faute …les enfants parfois se reporté sur eux le pourquoi maman est pas joyeuse en ce moment , ils s imaginent qu’ils ont fait quelque chose de pas bien )
    Courage ma belle, nous sommes la en cas.de besoin.

  4. babynosoucy dit :

    ❤️💙💚💛💜

  5. Je ne sais pas quoi te dire mise a part que je pense fort à toi dans ces moments si douloureux 😘

    • Merci, je ne sais pas s’il y a quelque chose à dire réellement… C’est une épreuve permis d’autre comme on en vit toutes. Une épreuve difficile… Douloureuse… Mais sûrement nécessaire si mère nature en a décider ainsi…. C’est ce que j’essaie de me dire… 😘

      • C’est la phrase que je me dis chaque jour pour essayer de me convaincre moi même que ca va aller 😉 je pense que tu es comme moi tu evites de t’écouter j’étais comme toi dans le couloir de la fausse couche mais tu évites de t’écouter par peur de déranger et décevoir notre monde. Plein de bisous 😘😘

        • C’est tout à fait ça… 😘

          Au début, j’ai même failli ne rien dire à personne, ne rien faire, ne pas consulter… Vivre ça dans mon coin et si personne ne le sait c’est un peu moins vrai…
          Mais je savais que ça n’allait pas… Mais j’avais peur si tôt que l’on ne me prenne pas au sérieux… De faire de la peine à mon homme et de le décevoir de ne pas arriver à mener à terme une grossesse que nous désirons tant…
          Mais je n’avais pas le droit de le lui cacher…. Et une fois dis cela prend toute sa vérité et réalité…

  6. GToch dit :

    Pas de mots adéquats…
    Prends bien soin de toi <3

  7. Kid Friendly dit :

    Tu n’y es pour rien, c’est la faute à pas de chance. Sans doute une malformation de l’embryon. On ne sait jamais. Je l’ai vécu aussi. On a découvert tardivement que la grossesse s’était arrêtée. On avait eu le temps de se projeter, de rêver… Et puis après j’ai eu SweetPrincess et ça a effacé la blessure et je n’aurais rien changé sinon ça n’aurait pas été elle. Je te fais un câlin virtuel.

    • C’est ce que j’essaie de me dire…
      Si la nature en a décider ainsi c’est que c’est le mieux…
      Mon cœur et mon corps souffre. Mais ma tête arrive à être un peu plus rationnelle … Du moins un petit peu.
      J’ai surtout peur d’avoir peur pour la suite… Enfin je suis un peu perdue… Mais je vais faire mon possible pour me retrouver… 😘

  8. Sarah Ymum dit :

    Juste du courage et plein de pensées. Ceux qui ne l’ont pas vécu ne mesurent pas combien c’est douloureux, même quand c’est si précoce, le corps ressent déjà tout. Prends soin de toi.

    • Merci… 😘
      Après je pense que cela reste moins douloureux que plus tard. Aussi bien physiquement que mentalement…
      Mais le mal être est là… La sensation de vide physique et psychologique..
      Mais il en est ainsi… J’essaie de rationaliser. Je ne sais pas si c’est la meilleure solution… Mais si je lâche tout j’ai peur de pas arriver à assumer derrière…
      Merci encore

  9. mummybenti dit :

    J’arrive bien trop tard mais je pense Si fort. Je voudrais éviter les classiques pourtant Si vrais… C’est que ton corps et la nature en avaient décidé autrement. Et Tu l’as senti. Personne mieux que nous pour nous comprendre. Je t’embrasse. Ça va aller, je te promets ça va aller…😘

    • Tu n’arrive pas trop tard… Tu arrives au moment où tu devais arriver…
      Comme ce qui est arrivé… C’est arrivé quand ça devais arriver…
      Même si ma tête et mon esprit savent que c’est ce qui devait arriver et que c’est sûrement mieux comme cela. Mon corps et mon cœur eux ont un peu plus de mal à l’accepter…
      Merci d’être là… 😘

  10. mamansurlefil dit :

    Plein de réconfort et de courage… je vous souhaite que cette épreuve soit suivie d’une bonne nouvelle au plus vite…

    Virginie

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